Nombreuses sont les initiatives outre-Atlantique visant à favoriser la bonne santé mentale des collaborateurs au travail. Car, un salarié déprimé coûte cher à l'employeur ; aussi, investir dans la prévention et la prise en charge des troubles psychiques au travail offre-t-il un retour sur investissement non négligeable pour les entreprises. En outre, le faire savoir auprès des jeunes générations devient même un atout pour les recruter. 


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    À l'heure où l'état psychologique des salariés est des plus préoccupants, beaucoup d'entreprises se saisissent de cet enjeu de santé. Elles font notamment appel à des thérapeutes pour veiller au bien-être de leurs collaborateurs, ou leur offrent des congés supplémentaires. Des initiatives qui leur permettent de lutter contre l'absentéisme au travail, tout en améliorant leur attractivité sur le marché de l'emploi.

    GoogleGoogle, DeltaDelta Airlines, JP Morgan Chase, Goldman Sachs, Bell, MicrosoftMicrosoft, Unilever... Difficile de garder le compte des grandes entreprises qui proposent désormais des services d'accompagnement psychologique à leurs employés. Certaines leur font bénéficier de consultations gratuites avec un ou une psychologue, tandis que d'autres accordent des jours de congé supplémentaires -- et rémunérés -- à celles et ceux qui ressentiraient le besoin de souffler psychologiquement. 

    Des sociétés comme AT&T vont encore plus loin en accueillant des thérapeutes dans leurs locaux. Le géant américain des télécoms a ouvert, en 2020, un centre de santé et de bien-être à Dallas (Texas), où est basé son siège social mondial, d'après le magazine Fortune. Chaque mois, près d'un millier de salariés du groupe se rendent dans cette clinique pour consulter Connie Siciliano Avila. Cette psychologue agréée a déjà reçu 17 000 visites en trois ans, un chiffre qui ne cesse d'augmenter de mois en mois. 

    Certaines entreprises n'hésitent pas à proposer des séances avec un psychologue afin de leur permettre d'exprimer leur mal-être au travail. © Viacheslav Iakobchuk, Adobe Stock
    Certaines entreprises n'hésitent pas à proposer des séances avec un psychologue afin de leur permettre d'exprimer leur mal-être au travail. © Viacheslav Iakobchuk, Adobe Stock

    Baisse de moral chez les actifs 

    Car un grand nombre de rapports s'accordent à dire que, partout dans le monde, le moral des actifs est au plus bas. Ce phénomène est particulièrement saillant aux États-Unis, où un actif sur trois affirme que son travail pèse sur sa santé mentale, d'après une enquête de la Society for Human Resource Management. Dans ce contexte, rien d'étonnant à ce que employeurs et responsables des ressources humaines multiplient les initiatives pour mettre du baumebaume au cœur de leurs collaborateurs. D'autant plus que ces derniers les attendent au tournant sur les sujets liés à la santé mentale au travail. Les deux tiers des salariés américains estiment que les entreprises devraient aider leurs employés à mieux gérer leur stressstress et leur anxiété, comme le révèle un sondage mené en 2022 par l'application de méditationméditation et de relaxation Calm.

    Mais il n'est pas toujours facile de parler de santé psychique dans un cadre professionnel, y compris avec un ou une spécialiste. La branche britannique de l'agence de communication Havas en a fait l'expérience. « Les commentaires que nous avons reçus montrent que les gens ne se sentent pas à l'aise avec la présence d'un thérapeute [dans nos locaux]. Il y a des problèmes de confidentialitéconfidentialité », a expliqué, en mars, Ewen MacPherson, directeur des ressources humaines du groupe Havas UK au Financial Times

    Parler de ses difficultés psychologiques au travail demeure tabou par peur du regard des autres collègues ou crainte de compromettre une avancée professionnelle. © Alina, Adobe Stock
    Parler de ses difficultés psychologiques au travail demeure tabou par peur du regard des autres collègues ou crainte de compromettre une avancée professionnelle. © Alina, Adobe Stock

    Arrêt maladie pour mental en berne 

    De plus, les salariés peuvent se sentir mal à l'aise à l'idée de parler de leurs difficultés psychologiques sur leur lieu de travail. Beaucoup redoutent d'être mal vus par leurs collègues ou leur supérieur hiérarchique s'ils abordent ouvertement le sujet. Quelque 29 % des actifs britanniques pensent que leurs problèmes de santé mentale risquent de nuire à leur avancée professionnelle, s'ils sont connus de leur employeur, d'après un sondage du site Reed.co.uk cité par le site spécialisé People Management

    La santé psychique reste trop souvent un sujet tabou dans les entreprises

    C'est là que le bât blesse. La santé psychique reste trop souvent un sujet tabou dans les entreprises, même si ces dernières en pâtissent énormément. Les troubles psychologiques (stress, épuisement professionnel, burn-out, dépression, anxiété...) sont le troisième motif d'arrêt maladie en France, derrière les affections ordinaires (rhume, grippegrippe, gastro-entéritegastro-entérite, angineangine etc.) et le Covid, selon le dernier baromètre annuel Malakoff Humanis

    Pour autant, des employeurs rechignent à prendre des mesures pour veiller au bien-être mental de leurs équipes. Si certains estiment qu'il n'en va pas de leur responsabilité légale, d'autres redoutent le coût économique de cette prise en charge. En effet, une étude du National Safety Council et de l’université de Chicago affirme que les entreprises dépensent, en moyenne, plus de 15 000 dollars par an pour chaque employé atteint de troubles psychologiques. Une somme conséquente mais qui est, en réalité, rapidement amortie. La même étude révèle que les sociétés qui font ce choix obtiennent un retour sur investissement de 4 dollars pour chaque dollar déboursé.

    Investir dans la préventionprévention et la prise en charge des troubles psychiques au travail est aussi un puissant levier d'attractivité sur le marché de l'emploi, surtout auprès des jeunes. Ces derniers voient d'un très bon œilœil les organisations qui se soucient de leur épanouissement et de leur bonne santé mentale. Inversement, ils sont très critiques vis-à-vis de celles qui, à leurs yeux, sous-estiment cette problématique. Pour preuve, 61 % des actifs américains appartenant à la génération Z disent qu'il est « probable/très probable » qu'ils quittent leur emploi actuel si on leur propose un nouveau poste dans une boîte offrant de meilleures prestations en termes de santé mentale, selon l'enquête de la Society for Human Resource Management sus-citée. À méditer, à l'heure où le marché du travail est en proie à une pénurie de main-d'œuvre.