Après moins de 48 heures d’activité, l’éruption qui s’est produite aux portes de la ville de Grindavik s’est arrêtée. Et si elle n’a détruit que quelques maisons, le bilan aurait pu être bien plus lourd si une butte de terre n’avait pas été érigée en amont de la ville, afin de détourner la lave vers un endroit moins problématique. Des autorités islandaises aux conducteurs des engins de chantier, qui sont allés les récupérer alors que la lave menaçait de les engloutir, il convient de leur tirer un grand coup de chapeau !
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Les 4 000 habitants de la ville de Grindavik avaient déjà été évacués dans la nuit du 10 au 11 novembre dernier, lorsqu'une importante intrusion magmatique s'était formée, passant sous la ville, à l'origine de nombreuses secousses et d'importantes crevasses. Après l'éruption du 18 décembre, les autorités avaient autorisé un retour de la population, choix qu'une petite partie avait fait. Ils furent de nouveau évacués juste avant le début de cette éruption du 14 janvier, lorsque les sismomètres des scientifiques s'agitèrent sérieusement ! Cela illustre déjà une forte proximité entre les instances scientifiques et les autorités décisionnaires, ce qui est primordial.
Des dégâts matériels qui auraient pu être bien plus lourds
La persistance d'une certaine sismicité après l'éruption du 18 décembre au niveau de cette énorme intrusion magmatique indiquait la possibilité qu'une nouvelle éruption ait lieu à son aplomb. De fait, le risque pour la ville de Grindavik était toujours bien présent, c'est pourquoi il fut décidé de construire un mur de défense à environ 800 mètres en amont de la ville, de deux kilomètres de long et d’au moins quatre mètres de haut, de sorte à détourner une éventuelle coulée de lave vers l'ouest. Les travaux commencèrent le 2 janvier, si bien qu'au moment de l'éruption du 14 janvier, le murmur de terre faisait déjà 1 500 mètres de long ! Ce mur détourna une grande partie du flot de lave qui, sans lui, aurait rapidement atteint la ville et sans doute détruit plusieurs dizaines de maisons. Grâce à ce mur, le seul dommage correspond ainsi à la route traversant la péninsule, reliant Grindavik à la région de la capitale, qui a été coupée par les laves. C'est bien peu, compte tenu de la proximité entre la fissure éruptiveéruptive et la ville !
On comprend ainsi l'importance de ces engins de chantier, venus de divers endroits de l'île pour aider aux travaux, et on saisit alors pourquoi ces conducteurs se hâtèrent d'aller chercher ces engins avant que les laves ne les engloutissent ! On peut alors saluer cette fuite devant les coulées de lave, avant de reprendre leur importante tâche, à seulement quelques dizaines de mètres de la lave.
Ce mur ne peut toutefois influer sur la disposition de la fissure éruptive et c'est bien par chance qu'elle s'ouvrit en amont de ce mur... D'ailleurs, une seconde fissure se forma dans un deuxième temps à seulement 200 mètres des premières habitations ! La coulée de lave associée détruisit trois maisons, mais si les dégâts sont si modestes, cela est dû au fait que l'activité n'y dura que très peu de temps. Et c'est là aussi un coup de chance !
Une éruption terminée, qui laisse imaginer d’autres événements similaires
L'activité éruptive ne dura que quarante heures environ, ce qui est légèrement moindre par rapport à l'éruption du 18 décembre. En outre, la déformation au niveau de Svartsengi, là où est supposé être le réservoir magmatique qui alimenta ces deux dernières éruptions, se poursuit, de même que la sismicité au niveau de l’intrusion magmatique. D'autres éruptions dans le secteur, sur un processus identique (brèves éruptions épisodiques à l'aplomb de cette intrusion de 15 kilomètres de long), sont donc tout à fait possibles !
Une chose est sûre en tout cas : on savait les Islandais prêts à tout mettre en œuvre pour permettre aux curieux d’observer les éruptions, on sait maintenant qu'ils feront tout leur possible pour s'en protéger ! Et ce, avec brio.
Nouvelle éruption en Islande : la lave coule dans la ville de Grindavik !
Un mois après la dernière éruption, une nouvelle fissure éruptive s'est ouverte sur la péninsule de Reykjanes hier, le 14 janvier, dans le prolongement de la précédente, mais au sud de celle-ci et donc à proximité de Grindavik. Deux mois après l'intense activité sismique qui avait fait fuir les 4 000 habitants de cette ville, la lave a donc fini par entrer dans la ville... Les coulées ont pour l'instant englouti quelques maisons, mais selon la duréedurée de l'éruption, elles pourraient détruire une partie de la ville et du port qu'elle abrite...
Article de Ludovic LeducLudovic Leduc, publié le 15 janvier 2024.
En quittant leur domicile dans la nuit du 10 au 11 novembre dernier, les habitants de Grindavik se doutaient-ils que ce n'était que le début des tracas ? Car cet événement sismique incroyable correspondait à la mise en place d'une imposante intrusion magmatique de 15 kilomètres de long, passant parfaitement sous leur ville. Contre toute attente, l'éruption n'eut pas lieu tout de suite et le calme revint. Toutefois, un gonflement du sol à quelques kilomètres au nord-est de la ville était toujours remarqué et indiquait une remontée de magma continue depuis les profondeurs à cet endroit, formant un réservoir magmatique à environ cinq kilomètres de profondeur dans ce secteur de Svartsengi. Celui-ci alimenta une première éruption le 18 décembre, dans la partie centrale de l'intrusion formée à partir du 10 novembre, mais la longue fissure éruptive s'ouvrit dans une sorte de cuvette déserte : il n'y eut donc pas de dégâts. Puis, la déformation du sol reprit dès la fin de cette éruption de 48 heures, indiquant la poursuite de la recharge magmatique de ce réservoir. C'est ainsi que la semaine dernière, les volcanologuesvolcanologues locaux estimèrent que le volumevolume de magma accumulé dans ce réservoir était comparable à celui avant l'éruption du 18 décembre. De fait, la probabilité d’éruption devenait plus importante...
La carte de risque du secteur mis à jour après l’éruption du 18 décembre. L’éruption actuelle se situe à la limite des zones 3 et 4 : les différents risques ont donc été parfaitement appréhendés ! © Icelandic Meteorological Office
Une fissure à l’entrée de la ville !
Après cinq heures d'une intense sismicité, à 7 h 57 précisément le 14 janvier, le magma parvint en surface, toujours à l'aplomb de l'intrusion magmatique formée le 10 novembre, entre la fissure du 18 décembre au nord et la ville de Grindavik au sud. Une première fissure de quelques centaines de mètres s’ouvrit, tout juste en amont de la butte de terre que les autorités avaient décidé de construire à partir de début janvier pour protéger la ville. Celle-ci joua son rôle car elle détourna la majeure partie du flux de lave vers l'ouest et ce, même si l'extrémité de la fissure s'ouvrit en aval de cette butte de terre. Puis, vers 12 h 30, une seconde fissure s'ouvrit en contrebas, à quelques dizaines de mètres seulement des habitations de la ville. La coulée de lave qu'elle alimente parvint donc rapidement dans la ville et, pour l'instant, a détruit au moins quelques maisons...
Il va sans dire que les dégâts pourraient être considérables, des infrastructures routières aux habitations, sans oublier le port de pêchepêche qui ne se trouve qu'à quelques centaines de mètres de la lave. Tout dépendra du volume de magma disponible et de la durée de l'éruption... Or, les dernières éruptions dans le secteur ont duré entre deux jours (comme la précédente éruption, qui se produisit dans un processus qui semble équivalent, ce qui laisse un peu d'espoir) et six mois : la prévision volcanique ne peut faire mieux... La situation est donc à suivre de près, avec une affectueuse pensée pour les habitants de cette ville.
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