Hyperloop fait à nouveau parler de lui avec un concept en voie de commercialisation pour transporter du fret. C’est le projet Express Freight de la société HyperloopTT. Sa configuration lui permettrait de combiner l’acheminement de conteneurs aériens ou par bateau.
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Très séduisante sur le papier, la technologie d’Hyperloop est un véritable serpent de mer. Depuis plus de dix ans, des expérimentations ont lieu un peu partout dans le monde, et même en France, pour tester ce système de capsules dénuées de frictionfriction qui se déplacent à très haute vitessevitesse dans des tubes sous vide d'airair. Pour le moment, malgré l'engouement, il n'y a rien de bien prometteur.
Alors, plutôt que le transport de passagers, certaines sociétés envisagent ce procédé pour l'acheminement rapide des marchandises. C'est ce que propose HyperloopTT avec son concept Express Freight. En plus des tubes à vide et des capsules de transport de fret, le chargement et le déchargement serait totalement automatisé. Les capsules sont sensées évoluer à une allure pouvant atteindre les 1 223 km/h grâce à un système maglev dans des tubes à basse pressionpression.
Malgré de nombreuses interrogations sur la faisabilité et même les bénéfices écologiques d'un tel procédé par rapport aux systèmes de transport de fret actuels, une étude de faisabilité datée de 2019 avait déjà déterminé qu'un système de fret hyperloop à grande vitesse serait plus rentable que le transport aérien ou par camion. Une étude qu'HyperloopTT a considéré comme un « feufeu vert » pour concrétiser son projet.
Vidéo de présentation du système de chargement-déchargement de fret « Expres Freight » que cherche à commercialiser HyperloopTT. © HyperloopTT
Un hyperloop pour le fret en Italie ?
Fort de ce rapport et de gros financements, notamment européens, HyperloopTT a donc pour ambition de développer son système de transport de marchandise en maximisant le volumevolume de fret dans les capsules pour charger et décharger le fret le plus rapidement possible une fois arrivé à ce qui s'appelle un « HyperPort ». Express Freight doit donc s'adapter aux différents conteneurs, qu'il s'agisse de ceux qui se destinent pour le fret aérien, ou les gros conteneurs pour le transport maritime.
Pour gagner le maximum de temps, les opérations de chargement et déchargement sont prévues pour se faire de façon simultanée grâce à des portesportes et des tapis roulantstapis roulants situés de chaque côté du tube. Autrement dit, les capsules doivent rester à quai le moins longtemps possible. En attendant qu'il sorte un jour de terre, le projet Express Freight semble en bonne voie et pourrait faire ses premières glissades dans des tubes en Italie.
Hyperloop : après les passagers, le transport de marchandises à plus de 600 km/h
La société Hyperloop TT vient de présenter un concept de transport de fret à très grande vitesse, capable d'acheminer des marchandises à plus de 600 km/h. Ce train sous vide pourra-t-il concurrencer l'avion et les porte-conteneurs comme le prétend l'entreprise ?
Article de Céline DeluzarcheCéline Deluzarche publié le 19 juillet 2021
Dans la course au train à très haute vitesse, Hyperloop TT (Hyperloop Transportation Technologies) veut montrer sa différence. À côté des trains de voyageurs filant à plus de 1.000 km/h dans un tube sous faible pression, la société a présenté début juillet un concept de transport de fret « avec une vitesse équivalente à celle de l'avion mais au coût du train ». Le projet, baptisé HyperPort, permettra d'acheminer jusqu'à 2.800 conteneurs par jour à une vitesse de 600 km/h. De quoi assurer une livraison « en quelques minutes au lieu de plusieurs heures », et tout cela avec une empreinte carbone nulle, selon Hyperloop TT.
Déplacer les ports à l’intérieur des terres
La société se pose surtout en concurrente au trafic maritime, en expliquant vouloir « déplacer les ports à l'intérieur des terres ». « En utilisant la même technologie que nos systèmes passagers, l'HyperPort pérennise les chaînes d'approvisionnement et libère des espaces en bord de mer qui seraient autrement utilisés pour les ports de transport maritime », assure Andres De Leon, P.-D.G. d'HyperloopTT. Et de vanter les nombreux autres avantages de son concept : pas d'aléas climatiques (le train voyageant dans un tube fermé), pas de croisement (et donc de risque d'accidentaccident) et moins de pollution en bord de mer.
L’HyperPort pourra transporter 2.800 conteneurs par jour à plus de 600 km/h. © Hyperloop TT
Conçu en partenariat avec l'entreprise allemande Hamburger Hafen und Logistik AGAG (HHLA) et la firme espagnole d'ingénierie CT Ingenieros, le projet sera présenté en réalité virtuelle au prochain Congrès mondial sur les systèmes de transport intelligents (ITS) qui se tiendra à Hambourg en octobre prochain. Bien qu'il cumule déjà 20.000 heures d'études, le projet HyperPort est pourtant loin d'être opérationnel. En 2019, l'entreprise a construit près de Toulouse un tunnel d’essai de 320 mètres, mais le projet de constructionconstruction d'une piste d'essai d'un kilomètre a pris du retard, notamment en raison de contraintes administratives et de dépollutiondépollution des terrains de l'ancienne mine de Francazal.
Train Hyperloop : la concurrence fait rage
La course contre la montre est engagée avec ses principaux rivaux, Virgin Hyperloop et TransPod. La première, qui avait elle aussi déjà présenté un projet de transport cargo en 2018, a mené en novembre 2020 un test sur 500 mètres dans son installation pilote à North Las VegasVegas dans le Nevada (États-Unis) avec deux passagers à bord, et promet une exploitation commerciale à horizon 2030. En 2019, la société a également signé avec l'Arabie saoudite pour y développer et tester sa technologie. Non loin de la première ligne commerciale prévue par Hyperloop TT, qui devait relier relier Dubaï à Abu Dhabi en moins de 12 minutes.
Un transport vraiment écolo ?
Reste à savoir si tous ces projets présentent une viabilité économique et technologique. En 2018, un expert français avait ainsi dénoncé une « formidable escroquerie technico-intellectuelle », dénonçant notamment plusieurs impasses techniques. Difficile aussi de croire que le coût d'acheminement des marchandises sera identique à celui du train classique, ni même de l'avion. En 2016, des documents avaient fuité estimant le coût de construction d'une ligne de Virgin Hyperloop à 121 millions de dollars par mile (63,4 millions d'euros par kilomètre). L'argument du « zéro émissionsémissions » de CO2 est également à prendre avec des pincettes, car évacuer l'air du tube nécessite une grande quantité d'énergieénergie. Et cela ne résoudra pas non plus la pollution générée par les millions de camions sur nos autoroutes, qui assurent eux du transport de moyenne distance.