Un récent rapport de Greenpeace souligne le déséquilibre des prix entre train et avion, jusqu’à 30 fois dans certains cas, alors que l’aérien pollue jusqu’à 80 fois plus.
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À l'arrivée en gare, la SNCF remercie désormais les voyageurs du TGV « d'avoir choisi le mode de transport le plus écologique ». Les faits donnent raison à l'entreprise ferroviaire publique française puisque selon l’Ademe, le transport aérien représente 41 % de l'empreinte carbonecarbone du secteur touristique et plus de 7 % de l'empreinte carbone de la France. Sur certains trajets, l’impact climatique global de l’avion peut être même 80 fois plus important que celui du train, comme sur un trajet Lille-Lyon par exemple. Encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions écologiques, comme le souligne un récent rapport de Greenpeace qui montre que voyager en train est en moyenne deux fois plus cher qu'en avion en Europe.
Le train jusqu’à 30 fois plus cher que l’avion
Pour 79 des itinéraires analysés sur 112 au total, à la même date l'avion est moins cher que le train, jusqu'à 30 fois parfois sur la liaison Barcelone-Londres ! C'est d'autant plus vrai lorsque plusieurs compagnies ferroviaires sont impliquées dans le voyage, et donc avec des billets distincts pour chacune d'elles. Selon le rapport, « le prix peut également varier d'un opérateur à l'autre : un billet Paris-Berlin sera ainsi près de trois fois moins cher sur le site de la Deutsche Bahn que sur celui de la SNCF (79 € contre 207 €) ». Les compagnies aériennes low cost sont en plus dans presque tous les cas moins chères que le train, grâce à des stratégies tarifaires très agressives, souvent inférieures aux coûts réels, avec parfois des billets à 1 euro depuis la France...
La France sur le podium des pires résultats en Europe
Sur 17 des 20 itinéraires analysés depuis la France, le train est également majoritairement en moyenne 2,6 fois plus cher. Un résultat qui place la France à une triste troisième place à l'échelle européenne, derrière le Royaume-Uni (4 fois) et l'Espagne (3,9 fois). Sur certains trajets, comme le Paris-ValenceValence, le ratio est même de 8, et jusqu'à 12 pour une journée spécifique, 6,7 pour le trajet Marseille-Londres. Sur les 20 lignes analysées, 19 sont en plus opérées par une compagnie low cost... Avec de telles différences, comment inciter sérieusement la population à opter pour des modes de transport plus écologiques, quand un Paris-Valence coûte 322 euros en train contre 25,99 euros en avion ?
84 % des jeunes favorables à un rééquilibrage des tarifs
Selon Alexis Chailloux, chargé de campagne voyage durable chez Greenpeace France, « ce rapport démontre, chiffres à l'appui, ce que toutes les personnes qui voyagent en Europe ont déjà expérimenté : une différence de prix délirante entre les prix des billets d'avion et ceux de train pour un même trajet. Pour inverser la tendance, il est urgent de mettre fin aux exemptions fiscales anachroniques dont jouit le secteur aérien. Cela permettra d'investir massivement dans le réseau ferroviaire, et de rendre le train plus accessible ». D'autant que, comme le démontre le Baromètre des pratiques de voyage des jeunes, 84 % de la jeunesse française est favorable à un rééquilibrage des tarifs entre les billets d'avion et de train.
Une fiscalité inéquitable entre train et avion
Dans la lignée de son dossier sur les voyages éco-responsables et bas-carbone, Greenpeace consacre ainsi la dernière partie du rapport à des solutions pour rééquilibrer le rapport entre le ferroviaire et l'aérien. Car si le train est souvent trop cher, l'avion est parfois démesurément bon marché, grâce notamment à une fiscalité inéquitable. « Alors que les compagnies aériennes ne paient ni taxe sur le kérosènekérosène ni TVA sur les vols internationaux et bénéficient de subventions financées par l'argentargent des contribuables, les compagnies ferroviaires doivent, elles, payer des taxes sur l'énergieénergie, la TVA et des péages ferroviaires conséquents dans la plupart des pays », est-il expliqué. Le manque à gagner est estimé à 4,7 milliards d'euros par an pour la France, qui pourrait monter à 6,1 milliards d'euros dans le cas de la reprise complète du trafic en 2025.
Tarification sociale et ticket climat
Autant d'argent qui pourrait donc être investi pour relancer les trains de nuit en Europe, renforcer la tarification sociale sur le train longue distance ou encore instaurer un « ticket climatclimat » en France, comme c'est le cas en Allemagne avec une formule à 49 euros par mois pour un accès illimité aux bus, métros, trains locaux et régionaux, hors trains à grande vitessevitesse. Un système intégré de billetterie et de paiement à l'échelle de l'Union européenne favoriserait aussi les voyages en train avec plusieurs opérateurs. Il y a en tout cas urgence, car le trafic aérien en Europe retrouve aujourd'hui ses niveaux d'avant la pandémiepandémie, et qu'au final les billets d'avion à très bas prix profitent surtout aux personnes dotées d’un certain capital culturel et économique, alors près de 40 % de la population française n'a jamais pris l'avion, selon le Gifas.